Détracteur de la bicyclette, de l’automobile et du téléphone, Léon Bloy, cet « irresponsable véhicule des turpitudes ou des sottises contemporaines », a bravement traversé son époque, en affichant un dédain absolu pour les innovations dont s’enorgueillissent les modernes. Vu l’état de délabrement et d’incertitudes que nous traversons actuellement, ses paroles mériteraient à tout le moins d’être ré-éxaminés..
Bonjour,
Le confinement rendant chaque jour plus hurlante la nécessité d’évasion, il serait dommage de se priver de poésie.. Vous trouverez ici une playlist contenant 10 poèmes illustrés de Baudelaire, déclamés par les plus grands conteurs.. En espérant que cela vous offre de quoi fuir le spleen et qui sait, de retrouver un semblant d’idéal… Bien à vous.
Y en a pas un pour cent et pourtant ils existent.. Gabin – Ferré.. De la pure graine d’ananar ici réunis dans un récital hallucinatoire.. En effet, Léo Ferré, encore inconnu fit en 1951 appel à un Jean Gabin alors au creux de la vague pour tenir le rôle du narrateur d’un « récit lyrique » destiné à la radio française, où prose, poésies, chansons et symphonies s’entremêlent.
Des extraits de cet album sont ici illustrés avec diverses extraits de films, parmi lesquels: Zouzou (1934), La belle équipe (1936), La bête humaine (1938), Quai des Brumes (1938), Remorques (1941), L’imposteur (1946), Touchez pas au grisbi (1954), Razzia sur la chnouf (1955), Le Baron de l’écluse (1960), Mélodie en sous-sol (1963) ou La Horse (1970)…
Le poète nous invite à une promenade dantesque où les zones, les routes, les spectacles se conjuguent dans l’obscurité mystérieuse du corps humain. C’est un gisant qui parle, les yeux fermés et les mains jointes, couché sur le fleuve des morts.
Jean René Huguenin lit avec ferveur, quelques mois avant le tragique accident qui allait, à 26 ans, lui ôter la vie, un extrait de son unique roman: « La côte sauvage ».
Jean Louis Trintignant lit un extrait des paradis artificiels de Charles Baudelaire. « Qu’éprouve-t-on ? que voit-on ? des choses merveilleuses, n’est-ce pas ? des spectacles extraordinaires ? Est-ce bien beau ? et bien terrible ? et bien dangereux ? — Telles sont les questions ordinaires qu’adressent, avec une curiosité mêlée de crainte, les ignorants aux adeptes. »
Jacques Chardonne ou les vertus cardinales
Le grand Jacques Chardonne lit ici un extrait de son propre roman Claire, Grand prix du roman de l’Académie française en 1931. Claire ou Claudia Cardinale…
Jean Pierre Marielle lit un extrait d’Au seuil de l’Apocalypse de Léon Bloy, plus éternel que jamais.
« Pour juger de la force morale d’un peuple et de ce dont il est capable dans l’avenir, il ne faut pas considérer le degré d’abjection où il peut avoir chu momentanément ; il faut considérer le seulement le degré de spiritualité où il pourra atteindre, le moment venu. »
http://www.ina.fr/video/CPD15002121
Entre la Libération et les débuts de la Ve, la République des Lettres s’enorgueillit d’un petit parti informel qu’on baptisa « Hussards ».
Ses membres les plus éminents s’appelaient Roger Nimier, Jacques Laurent et Antoine Blondin.
De la même génération, 6 ans séparent l’ainé (Laurent) du cadet (Nimier), qui eurent 20 ans (ou un peu plus) en 45.
Ce groupe, identifié par le côté adverse, apparaît comme non organisé, dépourvu de chef véritable.
Sans réunion ni manifeste ni profession de foi. Hussard désigna finalement une manière d’être : un non-conformisme confinant à l’espièglerie ou à l’irrespect, que l’on peut bien taxer de dandysme.
Sans pour autant renier ce nom, légitimé par l’histoire littéraire, le qualificatif moins martial de désenchantés leur conviendrait sans doute mieux.
Malgré la courte dizaine d’années que dura leur cycle d’activité, les hussards tiennent dans l’histoire littéraire lieu d’école de la désinvolture. Leur destinée s’écrit comme un roman: il s’agit d’une épopée que l’on devine d’avance condamnée. Tour à tour romanciers, reporters, piliers de bars, scénaristes, directeurs de rédaction, éditeurs ou ennemis publics, ils crament la vie le souffle au cœur, avec la fougue de ceux qui n’ont rien à perdre.
8 ères minutes offertes sur le site de l’INA
ou à voir sur la chaine Histoire
http://www.ina.fr/video/CPD15002121
« Les mots vieillissent, et certains perdent jusqu’au souvenir de leur sens. Réac ne signifie plus une opinion politique, un réflexe passéiste ou une posture esthétique. A vrai dire il ne qualifie plus rien, il salit, il néantise. A ce titre, il a des accointances de fond avec l’imputation d’hérésie en usage dans la démonologie médiévale. Vade retro, sale réac ! C’est l’arme lourde de l’Inquisition contemporaine – l’arme des lâches car ils flinguent sans sommation, sans rien prouver, sans rien risquer, avec l’aval de l’air du temps et la complicité des puissants. C’est le mot de la fin, la balle dans le dos pour la victime de la traque. »
Denis Tillinac se veut et se vit « réac » au sens plein du terme : en réaction contre les tendances lourdes de son époque. S’il a soutenu des politiques, notamment son ami Chirac, il n’a jamais appartenu à un parti et jamais renonçé à son indépendance. Comme le « mécontemporain » de Finkielkraut, il se sent totalement en exil dans le monde contemporain. Il le juge trop mercantile, trop mécanique, trop inélégant, trop harcelant, trop immanent.
C’est un « réac » métaphysique et esthétique qui fait l’apologie de l’harmonie, de la lenteur, du détachement, de l’intériorité, du jardin secret, de l’ironie, du regret, de l’altitude. Son livre explicite une sensibilité toute en nuances et fait un sort au sens communément admis du mot « réac ». Il peut être rétro, passéiste, esthète, élitiste,il ne se polarise pas sur un « retour » politique ou autre. Il démystifie la « modernité » et son couple branché-ringard au bénéfice d’un système de valeurs moins évanescent, moins éphémère.
Nostalgique d’un royaume dont il se sent dépossédé, il habite son jardin secret, une thébaïde où se côtoient joyeusement Ophélie et Baudelaire, Saint-Benoît Labre et d’Artagnan, Chateaubriand, Fra Angelico et Van Gogh, Tintin, le roi Pelé, les frères Boniface, Jane Austen, Lampedusa et tant d’autres créateurs.
Ce livre séduira les insoumis, les désenchantés et les assoiffés d’idéal de toutes tendances et de tous les âges. Il est peut-être politique, mais au sens noble du terme car il ne propose pas moins qu’une attitude intellectuelle, morale et existentielle.
CITATIONS BERNANOS
DEMOCRATIE
Une Démocratie sans démocrates, une République sans citoyens, c’est déjà une dictature, c’est la dictature de l’intrigue et de la corruption.
La France contre les robots
ESPERANCE
L’espérance, voilà le mot que je voulais écrire. […] La vie intérieure de l’homme moderne a un rythme trop rapide pour que s’y forme et murisse un sentiment si ardent et si tendre, il hausse les épaules à l’idée de ces chastes fiançailles avec l’avenir. […] Le monde moderne n’a pas le temps d’espérer, ni d’aimer, ni de rêver. Ce sont les pauvres gens qui espèrent à sa place, exactement comme les saints aiment et expient pour nous.
Les Enfants humiliés
EUROPE
La civilisation européenne, nous le savons, a un caractère universel. Il serait donc faux de dire qu’elle est l’Europe et rien qu’elle. Il ne s’agit pas non plus de prétendre que l’homme d’Europe est l’Homme. Mais nous croyons que la civilisation européenne est inséparable d’une certaine conception de l’homme.
La liberté pour quoi faire ?
MACHINES
Si le monde est menacé de mourir de sa machinerie, comme le toxicomane de son poison favori, c’est que l’homme moderne demande aux machines, sans oser le dire ou peut-être se l’avouer à lui-même, non pas de l’aider à surmonter la vie, mais à l’esquiver, à la tourner, comme on tourne un obstacle trop rude.
Le Chemin de la Croix-des-Ames
La plus redoutable machine est la machine à bourrer les crânes, à liquéfier les cerveaux.
Obéissance et irresponsabilité, voilà les deux Mots Magiques qui ouvriront demain le Paradis de la Civilisation des Machines.
La France contre les robots
MONDE MODERNE
Il est vrai, absolument vrai, qu’aux environs de 1914, nous avons tous senti que le monde moderne était à bout, qu’il criait grâce, qu’il aurait donné tout son fameux progrès pour une mystique. […] Le monde moderne avait besoin d’une mystique, mais ce sont les dictateurs qui l’ont rassasié, comblé, rempli.
Les Enfants humiliés
On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. Hélas ! la liberté n’est pourtant qu’en vous, imbéciles !
La France contre les robots
VERITE
Je ne me sens pas du tout la conscience du monde. Mais c’est assez de me dire que la petite part de vérité dont je dispose, je l’ai mise, ici, à l’abri des menteurs. […] J’ai reçu ma part de vérité comme chacun a reçu la sienne, et j’ai compris très tard que je n’y ajouterai rien, que mon seul espoir de la servir est seulement d’y conformer mon témoignage et ma vie.
Les Enfants humiliés