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Micberth

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Écrivain, pamphlétaire, chercheur, homme politique, dessinateur, psychothérapeute, créateur multiple, brillant, fougueux et surtout à jamais esprit libre. Micberth est à ce jour l’unique individu ayant tenté d’incarner politiquement l’anarchisme de droite, ou aristocratie libertaire comme il aimait le qualifier. Le style est vif, concis, efficace, la langue est dense, le ton inimitable, grâce à un savant mélange de rudesse, d’insolence, d’humour et de déchirement. Chacun y prend pour son grade. On s’amuse ou on s’offusque; tout dépendra du degré de gravité.

Combat d’un aristocrate pur et dur, ayant vécu en châtelain flamboyant d’érudition, croulant sous les menaces, ferraillant contre la société républicaine égalisatrice ; Micberth fut un touche à tout iconoclaste. Son aptitude inné à la provocation et sa chasse à l’absolu ont dû cheminer à travers les invectives et outrances pour toucher leurs objectifs sans artifice. De façon parfois impatiente, polémique, et souvent forcenée. L’essentiel étant d’y avoir touché. De grâce, on réclame des héritiers…

« Les textes de Micberth ont l’admirable éclat d’une série de beignes appliquées à toute volée sur les faces de pitres, de loufiats et de tarés qui règnent sur ce pauvre monde et mettent à l’abrutir une opiniâtreté, une haine, une infamie dans la délation et le sournois verrouillage juridique, qui rendraient aimable le souvenir de l’Inquisition. Dans ce monde à ce point asservi et rampant, la sainte colère de Micberth, son ironie meurtrière, sont un réconfort, une bouffée d’oxygène, proprement inestimables. Tant de verve, et de si haute tenue, ne peut que mettre en appétit, mais il s’y mêle aussi, tout comme chez Bloy, des pages d’émotion, de gravité poignante, de poésie pure, qui témoignent d’une souveraine maîtrise de style dans une langue merveilleusement vivante. » Jacques d’Arribehaude 

consulter http://www.micberth.fr

Michel-Georges Micberth (Berthe dit), né le 12 août 1945 à Tours d’un père breton et d’une mère angevine, s’est éteint à son domicile le mardi 19 mars 2013. Ecrivain, pamphlétaire, homme politique, chercheur, psychothérapeute, il voulait passer à la postérité pour son travail d’éditeur anthologue, qu’il menait depuis près de trente ans au service de l’histoire locale de notre pays. Mais ce serait occulter une grande partie de la vie bien remplie de cet homme aux multiples talents dont le nom restera à jamais attaché à l’anarchisme de droite comme principal représentant. Homme libre et rebelle, maniant l’humour avec un redoutable talent, il disait : « Ma rébellion, c’est ma vie. Un refus constant. » Philalèthe plutôt que philosophe, il se considérait comme « un boucanier des idées, un aventurier vivant dans un pays exotique. »

Biographie sommaire

Dès son plus jeune âge, maltraité par ses parents dans le décor ravagé de la Seconde Guerre mondiale, il écrit, par défi, des poèmes qui seront édités bien plus tard, en anthologie, par Jacques-Pierre et Jean Grassin. Mme Renaud, professeur au conservatoire à rayonnement régional de Tours, utilisera ces poèmes pour apprendre l’éloquence à un jeune comédien qui deviendra Jacques Villeret.

Dans son adolescence, il commence à publier des fanzines. En 1963, il fonde la Jeune Force poétique française à laquelle participeront par la suite Alain Fournier, plus connu sous le pseudonyme d’A.D.G. et un grand nombre d’auteurs et d’artistes devenus des notoriétés. Le grand poète Louis Aragon, malgré son engagement communiste, en sera le président d’honneur.

Dans le cadre de son émission quotidienne Rendez-vous aux Champs-ÉlyséesEurope 1 lui donne une importante audience en radiodiffusant ses textes et ceux de ses amis. En 1967, il fonde le mouvement autobusiaque, consacré à la publication de poèmes et de pièces de théâtre.

En 1969, il se présente à l’élection présidentielle, mais, bien qu’ayant le nombre de signatures de maires requis, sa candidature sera annulée par le Conseil constitutionnel. Reprenant un article du journal Le Monde du 15 mai 1969, le futur ministre de la Recherche du gouvernement JospinRoger-Gérard Schwartzenberg dans son livre sur la guerre de succession nous dit : « In extremis, au soir du 13 mai, deux jeunes gens chevelus (sic), venus tout droit d’Indre-et-loire, déposent à la hâte une liste de signatures du « philosophe » et chercheur M.-G. Micberth.

Il est également clinicien des hôpitaux psychiatriques de la préfecture de la Seine. De 1968 à 1971, il dirige le Centre d’études et de recherches expérimentales du Plessis.

En 1972, il fait paraître le journal Actual-Hebdo, qui n’existera que durant un an mais lui permettra d’acquérir une réputation de virulent pamphlétaire. Dans Le Crapouillot paraît en 1973 L’anthologie du pamphlet de la Libération à nos jours ; Éric Asudam, pseudonyme de Micberth, qui n’a que 26 ans, y figure aux côtés de ses aînés, souvent disparus, AnouilhCélineMauriacBernanosLéon DaudetBloy, etc.

Jacques d’Arribehaude a écrit en 1988 dans le Bulletin Célinien :

Les textes de Micberth (…) ont l’admirable éclat d’une série de beignes appliquées à toute volée sur les faces de pitres, de loufiats et de tarés qui règnent sur ce pauvre monde et mettent à l’abrutir une opiniâtreté, une haine, une infamie dans la délation et le sournois verrouillage juridique, qui rendraient aimable le souvenir de l’Inquisition. Dans ce monde à ce point asservi et rampant, la sainte colère de Micberth, son ironie meurtrière, sont un réconfort, une bouffée d’oxygène, proprement inestimables. (…) Tant de verve, et de si haute tenue, ne peut que mettre en appétit, mais il s’y mêle aussi, tout comme chez Bloy, des pages d’émotion, de gravité poignante, de poésie pure, qui témoignent d’une souveraine maîtrise de style dans une langue merveilleusement vivante.

La même année, il lance le mouvement politique Nouvelle Droite française (qui n’a aucun lien avec le GRECE, souvent appelé Nouvelle Droite) qui se veut « révolutionnaire », « aristocratique » et « anti-républicain ».

http://www.dailymotion.com/video/xa0z0j_micberth-il-y-a-nouvelle-droite-et_news »

Jean-François Kahn, dans son ouvrage La Guerre civile paru au Seuil en 1982 ne semble guère apprécier le style télévisé du leader de la NDF :

(…) « Rat, hyène, chauve-souris », « marmot à tête de rat, demi-saxon, demi-juif », écrira Bernanos en 1931 ; chien, microbe, et même « colin froid », avancera Jean-Edern Hallier dans son propre numéro stalinien de mutation zoologique de l’ennemi : et si l’adversaire n’était qu’un ver parasite infiltré dans l’intestin de la société ? Ainsi s’exprime, en effet, dans le cadre d’une tribune libre de FR 3, (…) Michel-Georges Micberth au nom de la « Nouvelle Droite » : « Depuis le 10 mai, les éructations, les bruits de lavements, de conduites et d’égouts se sont peu à peu imposés à nos oreilles, alors que les flonflons de l’accordéon giscardien devenaient de plus en plus inaudibles. Car c’est bien le 10 mai qu’avec effroi les Français ont entendu battre la porte de leurs ouatères, les terrifiantes rumeurs sortant des cuvettes, sous le battement lancinant des lunettes et le cliquetis des chasses. L’immonde sanie socialo-communiste sortait des fosses pour se répandre dans une insoutenable puanteur sur tout notre pays. Ce fut le temps des helminthes triomphants, des ascaris couronnés, des cestodes exultants et des oxyures ébahis. Bref, les déjections prenaient le pouvoir. »

Habitué des déclarations « provocatrices », Micberth a souvent été qualifié d’anarchiste de droite, voire d’extrême droite(un Que sais-je ? aux PUF, lui a été en partie consacré). Lui préfère se définir comme « aristocrate libertaire ».

Ses activités lui vaudront une vie très aventurière et des ennuis avec les autorités, qui le soupçonnent un temps de menées subversives. En août 1974, Michel-Georges Micberth est arrêté pour avoir détenu un chéquier volé au nom de l’ancien président de la république Georges Pompidou. L’affaire dite des chèques Pompidou fait de lui l’un des rares journalistes à être, depuis la Libération, incarcérés en France dans le cadre d’une « affaire politique ». Libéré quelques semaines plus tard, il est défendu par l’avocat Georges-Paul Wagner et finalement relaxé. En 1975, Micberth tire de cette affaire un livre, intitulé Pardon de ne pas être mort le 15 août 1974. Il écrit dans un avertissement : « Mon souci n’a pas été d’offrir au lecteur une œuvre littéraire, mais le témoignage d’un homme loyal qui se bat pour ses idées, le cri du combattant qu’on a voulu assassiner un soir de 15 août dans ce sale pays, la France giscardienne, qui ment, qui vole et qui tue ».

Michel-Georges Micberth a publié un roman, des pamphlets, essais, poèmes et dessins humoristiques sous le pseudonyme de Freuslon. À partir de 1986, il s’est consacré à l’édition de la collection Monographies des villes et villages de France qui comptait, en 2011, 3 150 titres parus dont de nombreux dictionnaires départementaux.

Las des incessantes poursuites judiciaires provoquées par la violence de ses textes, Micberth a cessé d’écrire des pamphlets depuis une vingtaine d’années. Il a fait sienne cette pensée de Pascal: « Nous sommes si présomptueux, que nous voudrions être connus de toute la terre, et même des gens qui viendront quand nous ne serons plus ; et nous sommes si vains que l’estime de cinq ou six personnes qui nous environnent nous amuse et nous contente ».

Aujourd’hui, entre ses chiens, chats, ânes et chevaux, il vit retiré dans sa propriété du Marlois. Sa femme et collaboratrice, Virginie Beaufils-Micberth, poursuit son œuvre éditoriale.

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L’éditeur

Au cours de sa vie professionnelle, Micberth a publié un peu moins de 5 000 titres dont 3 000 monographies sur l’histoire locale de la France. Il a rapidement rattaché à sa structure éditoriale et à son réseau commercial, une imprimerie qui lui donne une totale liberté de création et une librairie en ligne qui sert encore aujourd’hui les particuliers et les libraires spécialisés.

Dès le premier choc pétrolier en 1973, il s’attache à faire de la reprographie, une technique d’imprimerie aussi fiable que jadis l’offset. Ce qui a pour effet de proposer aux lecteurs des petits tirages sur des sujets à faible public avec un prix de vente par ouvrage qui ne soit pas trop prohibitif. Trente ans plus tard, le moindre imprimeur de labeur sera doté d’un matériel de reprographie, procédé leader dans les pays occidentaux.

http://www.dailymotion.com/fr/relevance/search/micberth+/1#video=xa1hje

Controverse concernant l’extrême droite

En juin 1965, le directeur de « La Tour de Feu », revue philosophico-poétique, qui publie Adrian Miatlev, écrit, à propos du jeune poète Micberth : « Le fascisme en poésie, n’a pas meilleure gueule qu’ailleurs ». Avec cette apostrophe nait une sulfureuse légende, selon laquelle Micberth serait d’extrême droite.

Micberth se dit, lui, de droite, tout en étant libertaire dans ses révoltes contre la société, il est l’auteur de Ch… dans la gueule de Dieu et se torcher le cul avec « Présent » . On pouvait lire en 1984, sous sa plume, dans un article surtitré Colère :

« Je n’aime pas l’extrême droite […] Je crois que la démocratie, en raison de son système indirect, n’a jamais été qu’une utopie fort dangereuse. En refusant de se donner les moyens d’être vraiment démocratique, elle nous oblige à un perpétuel balancement entre les extrêmes de gauche et de droite, pareillement détestables. En omettant de prendre en compte les épiphénomènes les plus cruels de son histoire, en utilisant négativement ses forces politiques comme tristes exutoires occasionnels, elle perpétue la barbarie et freine l’évolution intelligente des hommes. En s’embourbant dans un extrême centre (on me passera la plaisanterie) elle désespère ses citoyens et les livre en pâture à toutes les aventures rutilantes mais pernicieuses du destin. ».

L’anarchisme de droite dont se revendiquent Micberth et François Richard semble cependant, pour Bruno Deniel-Laurent une pure construction dont ceux-ci feraient usage afin de se revendiquer d’une tradition littéraire, Micberth étant considéré comme « l’une des personnalités anarcho-droitistes les plus prestigieuses ».

Il est à noter que M. Richard ne s’est pas compté comme auteur dans le florilège des écrivains étudiés dans son travail et que Micberth a été étranger à la conception de cette thèse passée sous la responsabilité des universitaires du jury (présidé par Henry Bouillier) qui a reçu M. Richard, docteur ès lettres, Robert Mauzi, professeur émérite à la Sorbonne, qui l’a édité dans sa très sérieuse collection Littératures modernes et les collaborateurs (autour de A.-L. Angoulvent-Michel) des PUF, dans un Que sais-je ? vendu a plusieurs milliers d’exemplaires (8e mille en 1997).

Micberth soutient néanmoins la démarche des négationnistes dans leur volonté de « chercher la vérité » (sans pour autant adhérer à leurs thèses), et taxe Bernard-Henri Lévy de « Juifaillon » suite à un article dans lequel celui-ci considère que Nabe est un « écrivaillon nazi ». François Richard, dans sa thèse, citée plus haut, qu’il consacra à l’anarchisme de droite dans la littérature, fait de Micberth le plus grand représentant de cette tendance, aux côtés de Louis-Ferdinand CélineÉdouard Drumont,Lucien RebatetRoger NimierLouis PauwelsArthur de Gobineau ou Léon Bloy. Micberth entretient également une amitié tumultueuse avec l’écrivain A.D.G.. Ce dernier lui dédie d’ailleurs son premier roman.

Abécédaire sur http://www.micberth.com

Actualisation fréquente sur http://www.micberth.org ; Merci à AM de continuer à honorer sa verve.

DEMOCRATIE

« Je crois que la démocratie, en raison de son système indirect, n’a jamais été qu’une utopie fort dangereuse. En refusant de se donner les moyens d’être vraiment démocratique, elle nous oblige à un perpétuel balancement entre les extrêmes de gauche et de droite, pareillement détestables. En omettant de prendre en compte les épiphénomènes les plus cruels de son histoire, en utilisant négativement ses forces politiques comme tristes exutoires occasionnels, elle perpétue la barbarie et freine l’évolution intelligente des hommes. En s’embourbant dans un extrême centre (on me passera la plaisanterie) elle désespère ses citoyens et les livre en pâture à toutes les aventures rutilantes mais pernicieuses du destin.

Iglesias

J’aime Iglesias parce qu’il a su, mieux que personne, imposer son caca vocal, comme une religion planétaire et surtout parfaitement le vendre. L’incendie planétaire des culs à éteindre est un créneau comme un autre. Le fléau est universel.

MITTERRAND (François)*

J’ai honte de son physique de prélat pervers ou de gluant florentin, de ses manières onctueuses de sodomite incontinent, de sa posture de potiche peinturlurée ou de momie enclose derrière une vitrine sale, de sa dialectique qui évoque les momeries d’un tribun de sous-préfecture, de toute la détestable médiocrité qui se dégage de son image télévisée et qui fait penser au « parrain » d’une quelconque association de malfaiteurs. On aura compris que je n’aime pas M. Mitterrand.

éGALITé (L’)

« L’égalité, je te l’ai dit cent fois, est la notion romantique de la justice, le truc qui faisait bander les mecs de la Constituante, un gadget pour conventionnel. L’égalité est un non-sens, et malheureusement ne pourra jamais devenir une réalité bien palpable. »

MISèRE

« La misère matérielle reste une bien petite chose, comparée à la misère morale. Un peuple libre et cossu sans idéal, sans grandes aspirations, est un peuple décadent, donc moribond. »

OLIGOPHRèNE

« L’intelligence ne se cultive pas comme la mémoire ou l’érudition. On naît intelligent ou on naît con. Un point c’est marre. Tu peux bourrer un oligophrène de savantes informations, t’en feras un toubib, un curé ou un ministre, mais ton zigue restera dramatiquement con. »

MASSE

Le gouvernement, les partis politiques, les syndicats parlent de la sagesse des Français. Quelle foutrerie ! Dialectique dormitive. Qu’il est doux de régner sur une masse qui ronfle, qui se laisse pourrir ses gosses, dauffer ses filles, voler ses biens ; qui accepte la jargonaphasie d’une poignée d’excités engraissés dans des universités foutoires ; qui porte au pinacle ses voleurs et ses assassins et qui ricane de la détresse des victimes suppliciées.

 Médias

« Nous mijotons dans l’intolérable. Chaque jour, les mass-media nous apportent les miasmes du grand tas d’ordures. L’odieux est couronné et les sujets féaux baissent davantage la tête. »

 POUVOIR

« Le pouvoir est toujours immoral, arbitraire, dissimulateur, illégal. Et les ceusses qui s’indignent aujourd’hui ne s’ennuient pas de scrupules, les salauds. Ils oublient que leurs petites complicités par omission ou neutralité ont provoqué ce qui les dérange présentement. Il n’y a pas plus politique que le fait de prétendre l’ignorer. »

SOCIALISTE

« Le socialiste n’est pas un méchant garçon. C’est une manière de poète, une tendre évanescence, un impondérable, un ectoplasme ou un leurre. Il croit que le monde est bon et qu’il suffit de tirer les oreilles aux vilains profiteurs pour que ceux-ci, touchés par la grâce, acceptent de tomber à genoux devant l’autel de la convivialité. Le socialiste, dans sa grande candeur, croit à l’égalité. Il croit en un peuple grisé de rires et de chants, confortablement assisté de la naissance jusqu’à la mort. »

VIE

« Merde aux lois temporelles qui assèchent le coeur des hommes. Merde aux autorités qui détiennent, merde à la culture qui conditionne. La vie est multiforme avec plein de couleurs et de bruits jolis, plein d’émerveillements sous les pas. Le paradis, c’est ce que nous foulons sous nos semelles tous les jours. L’enfer c’est ce qu’en font les cons alentour, les gros majoritaires et même les petits contestataires merdeux. »

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Prolégomènes

Le 15 octobre 1973, un groupe d’hommes et de femmes s’est réuni au château d’Igny, dans le Cher, près de Saint-Amand-Montrond, sur l’instigation de Michel-Georges Micberth, pour y fonder une association politique clandestine : la Nouvelle Droite française.

Destruction de l’Etat républicain

Cette ligue se voulait l’héritière politique et philosophique des valeurs aristocratiques de l’Ancien Régime, sans pour tout autant se référer à un quelconque prestige nobiliaire ainsi qu’à l’hypostase théocratique. Comme son but avoué était la destruction de l’Etat républicain, il n’avait pas été jugé utile par ses fondateurs de déposer des statuts à la sous-préfecture de St-Amand-Montrond au risque de se voir opposer par les fonctionnaires du lieu la sanction : – Nulle et de nul effet. Il faut dire que la constitution d’une association libre est régie par l’article 2 de la loi du 2 juillet 1901, parue au Journal Officiel le 2 juillet 1901.

Les premiers buts

Quelques mois après la rencontre d’Igny, les pouvoirs publics feront arrêter le leader de l’organisation factieuse et l’incarcéreront à Fresnes (août 1974).

Il faut préciser que la Nouvelle Droite française préconisait de multiples formes d’action clandestine et s’assignait tout d’abord les buts suivants :

  • Dénoncer en toute occasion la falsification de l’Histoire de la France entreprise par les idéologues républicains et sans cesse reconduite par leurs fils et petits-fils pour assurer la perpétuation des utopies égalitaires et l’extension d’une massification programmée. Démystifier la propagande qui sous-tend la pédagogie officielle : surtout pour tout ce qui concerne la vie des Français sous l’Ancien Régime et l’émergence sanglante des institutions républicaines. Faire en sorte par la parole, par les rédigés, et par l’exhumation de nombreux documents, qu’à la mythomanie des épigones de 89 se substitue la vérité des faits.
  • Entraîner par l’ensemble des moyens, légaux ou illégaux, la chute de l’Etat républicain qui forme pour le peuple français une tentative d’asservissement sans précédent, refuge du capitalisme le plus cynique, étouffoir d’individualités, machine à broyer l’excellence ainsi qu’à promouvoir la médiocrité, désolation incarnée. Il ne s’agit pas uniquement de diagnostiquer les maladies du régime, d’en mesurer la décomposition grandissante, mais d’en hâter la fin, de provoquer son impossibilité. Pour cela, par exemple, on pourra s’efforcer de discréditer ses membres dirigeants, et dans l’accomplissement de cette tâche tout scrupule serait déplacé, dans la mesure où ils sont tous, par fonction et par obligation, des profiteurs et des valets.
  • Provoquer partout où ce sera envisageable la désobéissance civile – lieux d’élection : usines, bâtiments administratifs, palais de justice, casernes, etc. – pour faire vivre sur notre territoire une rébellion constante aux lois républicaines ainsi qu’à la morale en usage ; à ce sujet, l’unique exercice de la liberté représente déjà une désobéissance suffisante face au maigre consensus politico-moral actuel. Les provocations de tous ordres en ce domaine n’ont même pas besoin d’être accentuées. Il suffit que le néo-droitiste vive à l’aplomb de sa vérité.
  • Pratiquer une infiltration idéologique permanente qui hâtera le dysfonctionnement des institutions républicaines, le pourrissement de l’ensemble des secteurs publics, non seulement par des rédigés de toute nature – essais, pamphlets, feuilles hebdomadaires ou bimensuelles, articles proposés à la grande presse – mais par une action tenace et clandestine qui traquera le tout-pouvoir partout où il sévit et se manifeste, et en soulignera l’aveuglement et l’illégitimité. On ne recourra par conséquent pas aux méthodes de propagande habituelles tracts, affiches, manifestations, effervescence publique qui nous semblent inefficaces et périmées, mais on s’attaquera aux racines culturelles de l’époque, à l’ensemble des strates républicaines qui forment – qu’on le veuille ou non le soubassement de notre édifice collectif ; l’objectif recherché étant (naturellement) un déconditionnement radical des esprits comparé à la mythologie démocratico-républicaine et un retour à des conceptions plus dignes de l’homme : aristocratie née au contact des faits, notion d’exemplarité, légitimité des dirigeants néo-droitistes, individualisme et générosité.
  • Agir sur les mentalités de nos contemporains pour accélérer dégoût et mal vivre propres à notre modernité, qu’on sert à désigner généralement sous le terme de «morosité» et qui nous apparaissent comme des maux bien plus profonds et constitutifs qu’un simple pessimisme occasionnel né d’un reflux de l’Histoire. Il s’agit en effet – particulièrement exactement – de l’échec absolu de l’aventure républicaine et de toutes ses retombées morales et socio-politiques qui grèvent notre avenir à court et moyen termes et obscurcissent notre horizon individuel et collectif. Aussi devons-nous accentuer ce délabrement des êtres et des choses qui aboutira obligatoirement à un état pré-révolutionnaire favorable à l’éclosion de la morale néo-droitiste, c’est-à-dire à la résurgence d’une humanité aristocratiste. Nous voulons que notre avenir nous ressemble, et qu’il ait des couleurs éclatantes (sic).

Autres buts plus lointains qui dépendent eux aussi de l’éthique néo-droitiste :

  • Faire en sorte que chaque homme puisse vivre selon sa morale personnelle, sans pour cela s’adonner à des excès individuels qui lèsent la liberté d’autrui, l’individualisme n’étant fréquemment qu’une nouvelle école de sauvagerie. Intensité ne veut pas dire violence et liberté n’équivaut pas à toute espèce d’abandon ou de facilité.
  • S’efforcer de faire régner une nouvelle sagesse universelle qui ne soit pas une morale de la résignation et du sens commun, mais l’expression la plus haute et la plus achevée de l’homme nu et seul (enfin) – ni Dieu ni Marx – lavé de ses superstitions, débarrassé de tout esprit de dispositif, assumant son être physique, moral et créatif, en bref : sa totalité, dans la perspective d’un art de vivre global et d’un souci permanent de générosité.
  • Développer et préserver à tout prix une élite qui s’interdise d’asservir l’homme, mais qui soit capable de répondre aux exigences immenses de ce temps – morales, scientifiques et techniques – et en particulier à l’obligation pressante d’inventer de nouveaux modes de vie, ou plutôt d’adapter à l’époque présente les vertus aristocratiques qui se fondent sur un respect total de l’individu et qui réclament de la part de chacun d’entre nous la réalisation de nos possibilités (…)
  • Ne pas exclure à plus long terme une légalisation envisageable du mouvement, si les circonstances et les hommes s’y prêtent, et si ce processus d’officialisation permet une propagation accrue – sans falsification – des conceptions néo-droitistes. Mais il s’agit là actuellement d’une pure et simple hypothèse stratégique qui ne pèse sur notre avenir en aucune sorte.

Il est à noter pour finir

Que l’adhésion éventuelle à la Nouvelle Droite française sera soumise à la sélection la plus rigoureuse de la part du Bureau Politique et devra être précédée d’une période probatoire de six mois à un an, quelquefois davantage, selon la progression de la maturité néo-droitiste du postulant.

Que chaque militant de la Nouvelle Droite française est tenu au secret le plus absolu quant à sa participation active au mouvement, et que, pour des raisons évidentes de sécurité, le nombre des personnages publics de l’association doit être réduit au minimum et n’intervenir sur le terrain des médias qu’en cas d’extrême obligation.

Que ce n’est pas le goût du folklore qui détermine toutes ces précautions, mais les menaces permanentes que le «tout-pouvoir» fait peser sur les fondateurs de la Nouvelle Droite française et ses collaborateurs depuis plusieurs années déjà.

Que la violence n’est pas retenue comme moyen d’action pour l’accomplissement du projet néo-droitiste, car elle reconduit l’ensemble des erreurs passées et représente une injure faite à l’intelligence, mais que la Nouvelle Droite française se reconnaît le droit à la légitime défense (…). Que l’énoncé de ces statuts ne forme pas la mise en forme d’un programme détaillé, mais le premier schéma d’une orientation d’action et de pensée. (La Nouvelle Droite française a dix ans, Paris 1983. )

Quelques années plus tard

Dès lors, le mouvement rassemble des individualités autour de son fondateur et de valeurs d’exigence et de liberté, et engage un activisme politique à l’écart de la politique institutionnelle. En 1979, au cours de ce qui devient «l’été de la Nouvelle droite», le mouvement s’oppose à Alain de Benoist, Louis Pauwels et le Club de l’Horloge.

Dans les années suivantes, la Nouvelle Droite Française publie divers articles parus dans Le Monde, Le Quotidien de Paris et Le Nouvel Observateur, et un manifeste : Révolution droitiste (Éd. Jupilles, 1980) cosigné par Micberth et F. Richard. Le mouvement crée aussi le mensuel Révolution droitiste et une radio libre, Radio philalèthe.

Vers une nouvelle droite

Ainsi s’intitule la première intervention télévisée de M. -G. Micberth sur une chaîne nationale (FR3 Tribune libre). Elle est diffusée le 20 avril 1976. M. -G. M. est interviewé par Daniel Decrauze. À l’époque, la Nouvelle Droite française, qui a trois ans d’existence, est un mouvement politique peu connu du grand public, que son fondateur tente de faire sortir de la clandestinité. Les militants – et sympathisants – de la NDF sont alors peu nombreux, mais quand on consulte le fichier de l’année 1976 à l’échelle nationale, on constate qu’il s’agit le plus souvent d’individualités ayant quelques influences : artistes, hauts fonctionnaires, officiers, magistrats, dirigeants d’entreprises…

Les membres qui adhèrent à ce mouvement expriment leur désarroi face à un monde permissif et la dégradation intellectuelle et morale qu’ils pensent constater dans la société française. Le discours politique de la Nouvelle Droite française ne leur apparait pas comme démagogique au contraire de ce qu’ils pensent entendre ailleurs. Leur adhésion aux aspirations néodroitistes du mouvement exprime un désir de synthèse entre le sens de la rigueur morale et les options libertaires. L’intervention télévisée de d’avril 1976 génère un certain retentissement et la Nouvelle Droite française prend ainsi une notoriété publique.

Français : L'écrivain français Michel-Georges ...
Français : L’écrivain français Michel-Georges Micberth à son domicile en juillet 2008. (Photo credit: Wikipedia)

Ouvrages de Micberth :

. Pardon de ne pas être mort le 15 août 1974, 1975.

. Révolution droitiste, 1980.

. La Lettre, 1986.

. Les Gros Niqueurs (en collaboration),1990.

. Dix ans après Révolution droitiste, en collaboration avec F. Richard, 1991.

. Petite Somme contre les gentils, 19861995.

. Le Pieu chauvache, 1990-2002.

. Les Pensées de l’escalier, 19842009.

. Histoire insolite des régions de France (en collaboration), 2012

Ouvrages sous le pseudonyme de Mathurin Hémon :

Dans la collection Histoire insolite : Bourgogne, Bretagne, Centre, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Picardie.

Ouvrages de Micberth à paraître :

. Les Vociférations d’un ange bariolé.

. Nouveau Pal et triques variées.

. Mimi sait tout

. Dictionnaire des citations micberthiennes

Ouvrages parus sur Micberth et son œuvre :

. Micberth et la pseudomicrocaulie, 1973.

. La Mesnie micberthienne, 1991.

. Micberth et le théâtre en question, 1992.

. L’anarchisme de droite dans la littérature française, 1988.

. Micberth anarchiste de droite, 1992.

. Micberth, repères biographiques, 1992.

. Micberth ou la vie rebelle, les années 60, 2013.

. Les anarchistes de droite (Que sais-je ?), 1991 et 1997.

. L’aristocratie libertaire chez Léautaud et Micberth, 1996.

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